Idée personnelle de ce qu'est le métier de scénariste
Depuis quelques mois, il est vrai que je parle énormément de chiffres concernant les droits d’auteurs, le prix de production ou encore la répartition des gains d’un billet de cinéma. Mais j’en oublie le principal pour les plus jeunes qui sont intéressés par le métier de scénariste.
Mais qu’est-ce que le métier de scénariste ? Certains d’entre vous pensez peut-être qu’il ne s’agit que d’avoir une histoire que l’on couche sur papier et qu’il ne reste plus qu’à la vendre à un producteur. C’est bien plus complexe que cela.
Être scénariste, c’est avant tout être (méga) polyvalent avant même d’être un expert en orthographe et en syntaxe.
Polyvalent car, tour à tour, le scénariste va enfiler différents costumes afin de convaincre les autres de la véracité de ce qu’il écrit. Ainsi, le scénariste va être homme, femme, enfant, étudiant(e), caissier(e), chef de chantier, avocat(e), médecin, policier(e), SDF, président(e), syndicaliste, commercial(e), standardiste, prostitué(e), végétarien(ne), sportif, branleur, gay, hétéro, transsexuel(le), fanatique, homophobe, dépressif, toqué(e), psychotique, et j’en passe des centaines, voire des milliers.
[Le plus difficile dans cette étape (et dans tout scénario) n’est pas nécessairement de connaître les différents métiers ou la psychologie des personnages. Le plus difficile, se sont sûrement les dialogues : il est facile de tomber dans un style trop littéraire, trop pompeux ou trop stéréotypé. Non, le plus difficile, c’est d’être subtilement naturel et naturellement subtile dans les dialogues.]
Le scénariste doit aussi imaginer des mondes possibles et impossible, créer tout un univers diégétique (qui se devra généralement être aussi didactique et pertinent) qui va lui parler plus qu’à quiconque – et c’est là l’une des plus grandes (si ce n’est LA plus grande) difficultés car il faut impérativement que ce monde évoque quelque chose non seulement aux spectateurs mais, en premier lieu, il doit faire réagir un producteur pour qu’il veuille matérialiser ce monde.
Être scénariste c’est être une sorte de dieu, mais un dieu en perpétuel apprentissage car l’omnipotence n’est pas innée. Il faut beaucoup travailler, beaucoup lire, beaucoup écrire sachant que tout ce qu’on écrit n’est pas forcément matière à film : beaucoup de choses que vous allez écrire vont finir dans votre poubelle ou dans celle d’un producteur.
[Personnellement, mes plus anciens écrits (j’ai commencé à écrire des scénarios à douze ans) sont rangés dans un classeur, enfermés à double tour dans un coffre-fort (j’exagère, ils sont dans le placard de ma chambre) et je les ressors de temps à autres pour me rendre compte à quel point ce que j’ai pu écrire était pathétique. En même temps, à quoi je dois m’attendre ? J’avais douze ans !]
Finalement, être scénariste c’est un peu être n’importe quoi, n’importe qui, n’importe où, n’importe quand et n’importe comment. C’est sûrement l’un des métiers des plus complets, des plus épanouissant mais gardez bien en tête que ce n’est pas le métier le plus facile.