Je ne l'aurais pas écrit comme ça - le potentiel d'une histoire

On a tous, à un moment donné, eu cette réflexion : « Je ne l’aurais pas écrit comme ça ». On ne peut pas le nier, certaines œuvres cinématographiques / télévisuelles nous décontenancent un peu ou nous révoltent par ce qu’on la considère comme inachevée, incomplète… Plus précisément, on ressent surtout l’envie ou le besoin d’avoir de plus amples explications sur la situation dépeinte car, contrairement à d’autres œuvres, celle-ci en particulier nous fais enrager rien qu’à l’idée de s’être fait avoir par un scénariste trop « fainéant » pour prendre le temps de développer un aspect que l’on trouvait intéressant et qui nous paraissait essentiel.

[NO SPOILERS] En tout cas, c’est le sentiment que j’ai eu en regardant le premier épisode de la série « The 100 » diffusée par la CW. La scène d’introduction, qui ne doit pas excéder les 3 minutes, nous bombarde d’informations sur la situation des personnages pour ensuite se concentrer sur l’action même. Or, selon moi, il aurait été intéressant de prendre le temps d’un ou deux épisodes pour développer cette situation de départ et donner de la profondeur à la suite de l’histoire et aux personnages. Résultats des courses, je ne parviens pas à m’intéresser suffisamment à l’univers de cette série et commence à jouer sur mon téléphone en gardant le programme en fond sonore.

Ce qui peut aussi expliquer mon manque d’intérêt, c’est que les références et inspirations sont loin d’être subtiles (Sa Majesté des Mouches de William Golding, par exemple) et ce que je vois comme étant un remake de LOST à destination des adolescents manque cruellement de profondeur et de réflexion quant à la condition de l’homme dans un univers post-apocalyptique. On tombe facilement dans les poncifs de la série pour ado de base avec des relations humaines complètement labyrinthiques et manquant cruellement de réalisme par ce côté dramatique exacerbé saupoudré d’un manichéisme me donnant la nausée. En soit, rien d’étonnant venant de la CW.

Non seulement il y a des personnages qui sont des clichés des gentils et des méchants, mais parce que la série manque de cette profondeur dont je parlais plus tôt – qui aurait pu aussi se traduire par montrer le conflit interne – les personnages passent de blancs à noir (ou de noir à blanc) en quelques minutes. Où sont les nuances de gris ? C’est ça le plus intéressant !

Il n’y a pas que de mauvaises choses dans cette série mais je ne l’aurais pas écrite comme ça. Elle a (avait ?) un véritable potentiel narratif qui n’a pas été développé, ce qui est fort dommage. On a l'impression que le créateur de la série a voulu mettre un maximum d'éléments dans le cas où la série serait annulée à l'issue de la première saison, histoire de raconter une histoire qui aurait pu être développée en deux saisons.

Cependant, dans un cadre qui s’étend plus loin que cette série, on peut aussi prendre la problématique à l’envers : savoir où s’arrêter ! Certains concepts, très accrocheurs, sont souvent gâchés par un développement trop important, diluant ainsi l’essence même de ce qui était plaisant.

Le court-métrage « Cashback » en est un exemple parlant : la simplicité et la poésie du court-métrage se retrouve annihilé son développement en long-métrage d’une heure et demi. Le propos d’origine se perd dans les méandres d’une banale histoire de science-fiction qui n’a, finalement, que peu d’intérêt. Tout a été dit dans la version de 18 minutes, faire plus long n’avait strictement aucun intérêt, sauf de surfer sur le succès. Voilà, c’est dit !

Pour conclure, je vous demande, à vous les scénaristes en herbes, de bien réfléchir à ce que vous voulez vraiment dire dans votre histoire. Si votre développement narratif dilue trop votre propos, au point qu’on ne sache finalement pas ce que vous vouliez dire, faites des coupes. S’il manque une trame pour faire bien passer le message, prenez le temps de développer. Et surtout, SURTOUT, écoutez les avis des autres : les critiques qui sont faites sur vos travaux permettent l'amélioration de votre histoire.